• JEAN-PIERRE BOUYXOU (PARIS MATCH, 23 MARS 2000) :
“Maryan Lamour dans le béton, 661 pages, est une déambulation mi-policière, mi-peinture des années 80 par un intransigeant dont la plume virtuose nous laisse scotchés” titre Jean-Pierre Bouyxou dans Paris-Match.
(...)
“A l’époque où il portait les cheveux longs, Mathis était le plus psychédélique des critiques de cinéma. Pendant vingt ans, Mathis n’a plus rien publié. Muré dans une solitude obstinée, il amorçait la bombe qu’il fait enfin éclater, discrète et dévastatrice, dans le landerneau du polar : Maryan Lamour dans le béton.”
“Il y a dans cette chronique urbaine, rigoureuse et désinvolte, de sourdes réminiscences du réalisme poétique de Carné et Prévert. Les passages les plus envoûtants de “Maryan Lamour dans le béton” sont curieusement ceux où rien, apparemment, ne se passe. Errances fiévreuses dans le Paris des années Mitterrand, balisé par les derniers cinoches de quartier. Digressions narquoises sur l’antiracisme de John Ford, le goût des Dunhill bleues et les mille façons de ranger une bibliothèque. Intransigeants et fragiles, les héros parlent de films, de livres et de disques, dont les titres sont volontiers cités sans guillemets ni italique, comme des noms de personnages à part entière.”
(...)
“Une totale liberté d’écriture, inventive et constante, violente et heureuse, lyrique jusqu’au vertige, sans aucun équivalent dans la littérature française. Près de ça, le dernier best-seller de Maurice G. Dantec est une pochade banale, appliquée et ronronnante.”
• JEAN PARVULESCO (CONTRELITTÉRATURE, JANVIER 2000) :
“MARIANNE LAMOUR ÉCHAPPERA-T-ELLE AU PIÈGE DE LA MORT ? titre Jean Parvulesco...”
dans un article de 3 pages. (...) “Soyons donc assurés qu’en fait de dénonciation d’un certain état de choses, d’un certain “fragment de société” balzacien, qu’en fait de visions malsaines activement appelées à l’œuvre au cours du récit, avec Maryan Lamour dans le béton on sera vite servis au-delà de toute attente. Aussi, d’entrée de jeu, il y a la vingtaine de pages relatant le viol collectif que, pendant toute une nuit, va subir Marianne Lamour elle-même en proie, dans une maison abandonnée, aux manigances repoussantes et criminelles de quatre dégénérés, de minables voyous de banlieue, épreuve dissolutive -sa “descente aux Enfers”, son “œuvre au noir” - dans son chemin initiatique en cours, épreuve pénitentielle qui dépasse de loin tout ce que l’on ne peut se figurer dans la perspective de l’insoutenable, à la limite vraiment dernière de ce qui peut se laisser dire. Au sommet en creux du cauchemar suréveillé, de la terreur portant à la séparation de soi-même, de la démence à blanc, quand on devient spectateur, détaché de son propre supplice arrivé à son paroxysme ultime, et s’y maintenant. Et tout cela comme en deçà de toute pornographie, entièrement dans la dépravation scabreuse et sale, posthumaine.”
(...)
“L’expérience contrelittéraire d’Alexandre Mathis dans Maryan Lamour dans le béton vaut celle de Louis-Ferdinand Céline dans Voyage au bout de la nuit, mais les niveaux auxquels ces deux expériences se situent sont, finalement, différents. Alors que dans Voyage au bout de la nuit il n’y a pas d’issue, aucune issue, une figure rédemptionnelle se dégage sur le fond cahotique, abyssal, nocturne et halluciné de Maryan Lamour dans le béton, la figure aristocratique et radieuse, secrètement conquérante si ce n’est pas tout à fait victorieuse du personnage féminin central du roman, la très mystérieuse Marianne Lamour, qui, en fait apparaîtra, à la fin de tout, comme ayant été une déesse, une déesse de passage, et qui reviendra peut-être un jour. Car n’a-t-il pas été dit, en effet, qu’à la fin une femme sauvera le monde, ce qui n’était déjà plus en état d’être sauvé, que “le Talon de la Femme écrasera la Tête du Serpent”? En même temps, l’effort inouï d’excellence et de renouveau, d’adaptation abyssale permanente au récit en cours et d’avancée révolutionnairement soutenue, qu’Alexandre Mathis parvient à imposer sans s’arrêter un seul instant au langage -aux langages- de son roman sur près de sept cent pages, en fait réellement un monument de la nouvelle littérature française actuellement en cours d’émergence clandestine, et si je dis clandestine c’est parce que celle-ci se situe d’emblée en dehors des circuits sous contrôle des officines de gratification du pouvoir subversivement en place.”
(...)
“Menacée en elle-même de mort, parce qu’elle aurait vu ce qu’elle n’aurait surtout pas dû voir une certaine nuit de froid, de grand froid, de guet et de terreur Marianne Lamour, à la fin, disparaîtra. A-t-elle été tuée, enfouie dans le béton -d’où le titre du livre- de l’immeuble en construction où elle avait eu son rendez-vous fatal, ou bien s’en est-elle échappée ? Alexandre Mathis nous propose de choisir nous-mêmes la fin qui nous convient le mieux. La mystérieuse déesse Marianne Lamour est entrée dans la zone de l’attention suprême, d’où elle irradie secrètement nos nuits hantées par son intolérable disparition liturgique, Perséphone fugitive.”
• MICHEL MARMIN (RADIO COURTOISIE) :
“Ce livre est d’une modernité qui m’a fait penser à Flaubert. L’écriture est à la fois celle de l’écrivain et tour à tour celle des personnages. Le livre est tellement riche, tellement dense, complexe par sa multiforme. Le côté noir m’a fasciné, magistralement transposé, ce n’est pas un documentaire sur Paris, c’est une transposition, une recréation, ça devient une sorte de Paris fantastique, un peu comme dans les films de Feuillade, dans les Fantômas, et ce qui ressort, si je devais résumer ce livre, c’est le personnage, effectivement, de Marianne, qui a quelque chose de lumineux, de stellaire, dans son étrangeté d’ailleurs, et je dirais que c’est une histoire d’amour fou, entre le personnage du flic, et cette femme, qui est une espèce d’étoile, qui traverse la nuit... une espèce de nuit incroyable, de chaos, c’est quand même ça qui demeure, et la fascination, cet amour incroyable que lui voue le personnage du policier, c’est elle, l’issue du livre, on pourrait presque lire le dernier chapitre qui fait trois lignes, c’est une traversée... ce personnage nous entraîne vers autre chose, qui n’est pas dit d’ailleurs... Ce livre aurait pu s’appeler Voyage au bout de la nuit, si le titre n’avait pas été pris...”
• GREGORY PONS :
“Ce qui m’a frappé dans ce livre, c’est la force, la puissance, l’énergie concentrées dans ces 600 pages, et qu’on ne trouve quasiment plus dans la littérature courante, qui fait plutôt anémique et chlorotique face à la qualité d’écriture d’Alexandre Mathis. Autant mettre en garde les lecteurs, c’est pas de la littérature gentille, gentille. Il y a des scènes assez violentes. L’énergie est sexuelle. L’énergie est violence physique. L’énergie est violence urbaine. Violence policière. C’est quelque chose qui reflète un univers dont on entend parler à la radio, à la télévision, dans les films, mais là c’est vraiment transcrit dans la littérature. C’est la première fois que je ressens aussi fort, pourtant on l’a lu dans beaucoup de romans noirs, dans beaucoup de polars de la fin des années 80, c’est la première fois que je ressens la noirceur de la banlieue, la noirceur de ce Paris populaire, de ce Paris des classes défavorisées, et ça n’avait jamais été abordé de manière aussi puissante dans les polars sociaux de la fin des années 80.”
• CHRONIQUE DU 20ÈME SIÈCLE (ÉDITIONS CHRONIQUE, UNE COÉDITION RADIO FRANCE) :
“Chapitre Roman policier. 1999. Du côté des nouveautés, la surprise est venue de Maryan Lamour dans le béton, signé Alexandre Mathis. Un roman de plus de 600 pages qui opère une transposition digne d’un Joyce ou d’un Céline du chaos de la fin du millénaire.”
• JEAN MALIEN (DERNIÈRES NOUVELLES D’ALSACE N°235, 06/10/1999) :
“Un livre mauvais genre” titre Les Dernières Nouvelles d’Alsace. “D’une certaine façon, c’est le livre le plus cinématographique de la rentrée, et on pourra déjà rêver sur l’embryon de scénario inclus dans son titre : Maryan Lamour dans le béton. En tous cas c’est certainement l’un des moins consensuels dans un temps où la moindre maigre plaquette pseudo-romanesque parlant un peu de sexe, un peu de sang, un peu de fric, se donne pour les prix des allures de manifeste destroy moderne dans l’âme.” (...) “C’est assez torrentiel (donc parfois, on s’y égare) et admirablement précis (donc on s’y retrouve toujours). Le spectre de Bonnie Parker y croise celui de Jacques Mesrine, sous l’égide d’un Hubert Selby qui aurait trop écouté les Cramps. Certains s’y reconnaîtront, les autres seront déjà passés à autre chose. Ils ne rencontreront donc jamais, métro Stalingrad, Maryan Lamour qui ressemble tant à Louise Brooks, le soir en futal de cuir, légère comme une héroïne de film X. Tant pis pour eux.”
• CÉDRIC FABRE (L’HUMANITÉ) :
Le béton armé écho d’un grand roman urbain. Avec Mathis, une littérature “grise” (re)prend forme. Paname est toute d’acier et l’écriture est colorée.” (...) titre l’Humanité du jeudi 25 novembre 1999
...“La narration glisse sur le fil -le film ?- du déroulement de la pensée des personnages, décrite de façon ininterrompue. L’auteur s’est efforcé d’aller jusqu’au bout des possibilités de la langue. Il a épuisé les mots : une maîtrise quasi absolue, si -paradoxalement- ciselée, de la “logorrhée écrite”.
• VALEURS ACTUELLES (30/10/1999) :
“Ce volumineux roman propose une nouvelle traversée de Paris. Trois personnages s’imposent : la belle Maryan, un tueur en série insaisissable, et Molard, policier hanté par de curieux indices, ce qui n’empêche pas l’auteur de réveiller de vieux souvenirs des années cinquante et soixante. L’argument paraît mince, l’ambition de l’auteur immense, et le résultat est à la hauteur de l’ambition. Sont évoqués les rues d’un Paris révolu, les cinés de quartier célébrés par Eddy Mitchell, alors que la capitale s’enfonce lentement dans la laideur.”
• ALFRED EIBEL (LA TÊTE EN NOIR, N°82, DÉCEMBRE 1999-JANVIER 2000) :
“Alexandre Mathis est un piéton de Paris aguerri. Mathis est l’héritier des piétons de Paris, Léon-Paul Fargue, André Héléna, Yves Martin et pour la prose révoltée il se rattache au Raymond Guérin des Poulpes, au Maurice Raphaël d’Ainsi soit-il, au Jean Douassot de La Gana, au Jérôme de Jean-Pierre Martinet. Dans ce récit construit de façon éclatée, l’écriture spontanée de Mathis suggère un Paris souterrain peuplé de combinards, hanté par des amours secrètes et cruelles.”
• VSD (13/01/2000) :
“Ce thème du serial killer, incarnation contemporaine du Mal, a inspiré quelques-uns des meilleurs auteurs français. Comme Fred Vargas (L’Homme à l’envers), Maurice G. Dantec (Les Racines du mal) ou Alexandre Mathis, dernière révélation avec Maryan Lamour dans le béton.”
• POLITIS (N°580, 23 DÉCEMBRE 1999) :
“Ce roman bruyant donne presque à entendre battre le cœur des personnages, au-delà des pages. Un travail d’orfèvre, mené comme celui d’un chef éclairagiste.”
• BERNARD DRUPT (REVUE INDÉPENDANTE DES JOURNALISTES ET DES ÉCRIVAINS, N°274, JANV-FÉV 2000) :
“D’abord ce pavé de 660 pages est présenté comme une histoire vraie. On ne se lancera donc pas à la suite de Maryan comme dans un quelconque polar “à abattre” mais il n’est pas interdit de le déguster par petites gorgées ainsi qu’un alcool fort et parfumé.”(...) “Trente photos couleur illustrent cet imposant bouquin, y ajoutant la nostalgie de redécouvrir les façades des cinémas : Le Capitole, le Club, Le Méry ou Le Louxor. Si vous désirez sortir des sentiers battus vous n’hésiterez pas à suivre cette héroïne qu’on n’est pas près d’oublier...”
• JEAN-PIERRE DELOUX (POLAR N°22, FÉVRIER 2000) :
Autre ouvrage qui dérange Maryan Lamour dans le béton (Encrage), premier roman d’Alexandre Mathis, et pavé jeté dans le lac du polar et la mare aux grenouilles de la littérature dite blanche. Également refusé par plusieurs éditeurs pourtant avertis, sans doute effrayés par le ton très personnel ou intimidés par certaines scènes de violences et des épisodes sado-masochistes, encore les ravages du politiquement-correct, même si on a de la peine à le croire, à moins qu’ils n’aient été en plus décontenancés par une écriture scalpel tranchant dans le vif pour tendre à l’authenticité du vécu brut.”
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“Alexandre Mathis, avec Maryan Lamour dans le béton, à la construction hélicoïdale, explose le narratif et les conventions du roman noir, en les cassant de l’intérieur.”
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“S’il est un livre réellement contemporain, c’est bien cette Maryan, au pied dans la tombe et la tête dans les étoiles, totalement emblématique de l’air du temps qui est nôtre.Un air glacial brûlant des flammes de la vie et du chaos, cependant adouci par quelques regards de femmes. Un roman totalement hors du commun incarnant pleinement cette autre littérature que l’on pouvait croire jusque-là encore à naître.”
• 813, LES AMIS DE LA LITTÉRATURE POLICIÈRE (N°68, OCTOBRE 1999) :
Pendant que Maryan Lamour erre dans un Paris où les cinémas de quartier sont murés avant d’être détruits, comme une âme en peine, damnée solitaire, dernière punk, jambes cousues de cuir noir, cheveux noirs hérissés, un tueur en série, qu’elle seule semble avoir vu, sévit... Maryan Lamour dans le béton, dont le titre s’imprime aux dernières pages, est un roman noir d’Alexandre Mathis, un polar glacé, ancré dans le quotidien, mêlant glauque et drôlerie. Un roman bousculant les clichés, salué comme un “livre dérangeant à tous égards, désespérant et provocant, à découvrir impérativement.”
• ANDRÉ MURCIE (“ALEXANDRE” N°60 -FÉVRIER 2000) :
“Me souviens d’une ancienne émission de radio où j’intervieuwais HUGUES PAGAN. Il y a près de dix ans ; il m’affirmait alors qu’aucun éditeur de romans policiers n’aurait plus désormais le courage de publier un roman aussi gros que le premier sien qui avoisinait les 400 pages dans la collection de poche ENGRENAGE.
Jugez de ma stupéfaction lorsque le pavé a déboulé sur ma table de travail. Un format de porte-avion, des pages larges comme des pistes d’envol remplies de caractères minuscules. J’ai tout de suite catalogué l’auteur ALEXANDRE MATHIS et l’éditeur JEAN-PIERRE DELOUX dans la liste des fous furieux à neutraliser au plus vite. 661 pages pour un polar. J’avais pas encore lu une ligne que déjà je jubilais à la pensée de comment j’allais me les descendre sans sommation, à la 357 magnum, à la première longueur.
Je suis rentré là-dedans à reculons. Peuchère ! dès les premières pages ça tangue salement, un peu à la JEAN-PIERRE RÉMY et ses historiettes éclatées dans tous les sens, oui mais très vite ça se calme et l’on se retrouve embarqué sur le grand fleuve tranquille de la vie.
Du moins c’est ce que l’on croit. Dix pages plus loin vous révisez votre jugement. Ce sont plutôt les grandes orgues du style. CÉLINE en ligne de mire, mais PROUST en ligne de fond quant à l’architectonique du déploiement de l’écriture.
Attention j’ai jamais dit proust ! proust ! ma chère, passez-moi une madeleine. Rien à voir avec une réception chez les Guermante. Ici, c’est plutôt banlieue glauque et zone morte. Le juke-box à fond la caisse. Un roman qui revendique la présence tutélaire de JEFFREY LEE PIERCE, GENE VINCENT et JOHNNY THUNDERS ne peut que nous entraîner en d’étranges sentes métaphysiques.
... / ...
L’histoire c’est nous : notre société déliquescente en train de pourrir par la tête, par la queue, par le ventre, par tout. ALEXANDRE MATHIS ne sera jamais édité en bibliothèque rose. Son pavillon est frappé de gris désespoir, de noir-bout-de-nuit et de bleu-rock’n’roll. Déjante infernale. Sex, drugs and rock’n’roll en accompagnement. Chômage, misère, exploitation en toile de fond. Alcool et dope. Viols, bordels S/M, films porno : l’ultime représentation prostitutionnelle que la société puisse offrir aux figurants zombies que nous sommes devenus. No future. Plongée dans le gouffre. Paris : anus du monde.
Une voiture qui flambe c’est le manuscrit de MARYAN (pas encore) LAMOUR qui part en fumée. L’ultime garde-fou vient de sauter. Plus de livre pour recueillir les infinités aurorales et dispersées de l’existence abîmée. Désormais la littérature ne sera plus à vivre sur le mode de l’intimité comme un retranchement du réel mais comme l’inoculation forcenée de l’appétence métaphysique de MARYAN dans la vie.
Le serpent se dépouille de sa peau. MARYANNE endosse son cuir noir. Futal et petit cul. Ne cherchez pas la femme. C’est une déesse qui vient de naître.
... / ...
ALEXANDRE MATHIS nous montre le chemin : la littérature comme ultime recours au désastre ambiant. Plus on avance dans le suspense, plus le narrateur intervient avec les gros sabots de l’ironie venimeuse. La trame du récit se superpose à la réalité sociale de l’auteur. L’écriture est le dernier rempart, le dernier recours, encore à notre disposition. Noces alchymiques. Les derniers combats, ceux du retournement final se livrent là et pas ailleurs.
Aujourd’hui que sont mortes les idéologies et les valeurs que la littérature s’était engagée à véhiculer c’est la littérature même qui est devenue le lieu de l’engagement. Une bataille terrible est en train de se livrer entre ceux qui désirent la garder momifiée sous perfusion universitaire et ceux qui œuvrent au déroulement des gazes, à sa mise en action, à son réveil, à sa propulsion dans le réel du monde.
Le livre d’ALEXANDRE MATHIS est bien autre chose qu’un superbe polar de 600 pages. Les aventures de MARYAN LAMOUR et de l’inspecteur MOLARD n’ont rien à voir avec un remake de la belle et de la bête. L’on y joue pas dans la platitude mesquine de la dichotomie flic ou voyou mais dans celle, transcendantale, qui partage les Êtres Vivants des Cadavres Contemporains qui nous entourent.
... / ... tueur fou, bagnoles de rêves, cigares à volonté...
Sur la quatrième de couverture l’on vous assure qu’ALEXANDRE MATHIS “explose le narratif et les conventions du roman noir, en les cassant de l’intérieur”. C’est vrai, mais ne les croyez pas. MARYAN LAMOUR DANS LE BÉTON est avant tout un pur chef-d’œuvre.”
• CHRISTOPHE BIER (SHOCKING, N°3, JUILLET 2000) :
“Le premier choc est visuel : écriture dense, serrée, petits caractères créant un vertige; paragraphes parcourant plus d’une page entière (55 lignes !); quelques blancs, expressifs. 650 pages qui en feraient mille dans une présentation plus classique. D’emblée, on sait que rien ne le sera (classique), qu’il faudra même se battre avec l’histoire, avec l’auteur. Ne pas perdre pied, s’accrocher aux images, suivre les personnages, se laisser emporter par un lyrisme noir et romantique ! Bien sûr, dans ce livre surprenant, quelques repères nous sont tendus, des réminiscences, vites balayées par l’auteur. Maryan Lamour dans le béton pourrait s’apparenter au polar : un tueur qui rôde, qui tue, dans des flots de sang ; un flic qui enquête, une ville, Paris, omniprésente et personnage à part entière. Les personnages justement : une actrice de porno, un ancien cascadeur de films d’espionnage, une dominatrice blonde et droguée, des esclaves-chiens ou en cage. Et Marianne, une Amazone braqueuse aux jambes gainées de cuir. Tous pourraient participer à une bonne petite Série Noire, traditionnelle, avec résonances sociales et psychologiques. Mais l’écriture s’acharne à contourner tous les écueils. Sa force brûle les doigts. Le style travaillé, rythmé, brisé, malaxé, boursouflé, réinventé tend vers la violence épique.” (...) “Il y a une poétique de l’énumération qui rapproche aussi cette narration de l’épopée. Une épopée urbaine des années ‘80, sur fond de radios libres, de petites annonces sadomaso de Libé, de musique rock, de série B (ou Z), de pornographie et d’héroïne. C’est une écriture de la mémoire et l’énumération, autant que la description, en est une base indispensable. Logorrhée de noms propres, de lieux, une page entière d’acteurs, comme pour fixer, désespérément, leur souvenir face à un modernisme déshumanisant. Ecriture de révolte, luttant contre la mort, appelant les fantômes pour les faire ressurgir. C’est bien là l’un des aspects les plus bouleversants du livre, cette lutte contre l’oubli, cette rage de vivre. Frénésie incantatoire ? Le Paris ici décrit n’est pas innocent : celui de la fin des cinémas... du cinéma. Comme autant de vestiges de vie, de rappels d’émotions, les cinémas parisiens sont omniprésents, dans tout le roman.” (...) “Voici bien l’autre serial-killer, que l’inspecteur Molard ne peut arrêter : l’impératif économique, le progrès en marche, le capitalisme qui tue un à un les cinémas de Paris.” (...) “C’est bien sûr un roman d’amour, flamboyant et désespéré dans une ville qui se vide de rêves (de cinémas), qui perd tous ses attributs de fiction pour d’implacables blocs de béton. “L’histoire des films est inséparable de l’histoire des cinémas” est-il écrit quelque part (p.591). Jusqu’aux salles pornos, également décrites dans le livre (quelques passages fabuleux), toutes sont mortes aujourd’hui.” (...) “Jess Franco, La Révolte gronde à Bornéo, Le Cirque des horreurs, John Ford, Mamell’s Story, Lon Chaney, Harry Novak, Robert Aldrich, Titanic (de Negulesco !), Sam Peckinpah, La Fille qui en savait trop, Gore-Gore-Girls, José Bénazéraf, Les Maraudeurs attaquent... La passion du vrai cinéma dévore l’auteur, Alexandre Mathis. Celui-ci est une vieille connaissance, le premier à avoir écrit un livre sur Bénazéraf (en 1973 au Terrain Vague de Losfeld)...” (...) “il y a un peu de Mathis en Molard. Puisse la sortie de cet étonnant roman permettre la publication de l’exaltant Paris cinémas, voyage photographique et littéraire, aussi beau, lyrique et frissonnant que Maryan Lamour dans le béton.”
• ÉLÉMENTS (MARS 2001) :
“Les artistes maudits qui crèvent de leur art et pour lui, cela existe toujours. À preuve, Alexandre Mathis et les trois millions de signes de révolte, de douleur, de beauté et d’amour de Maryan Lamour dans le béton, que quelques critiques et écrivains tiennent pour un chef-d’œuvre. Qui l’a lu ? Qui l’a vu en librairie ? À croire que ce livre qui méritait cent fois le Goncourt est l’objet d’une conspiration visant à le néantiser, car dangereux pour tous ceux qui estiment que l’édition appartient à une caste et que l’écriture est un droit régalien conféré par quelques mondains profileurs de serial writers.”
• MARYAN LAMOUR DANS LE BÉTON invité au 3e Festival du Roman Noir de Frontignan en juin 2000.
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